/La gauche entretient de nombreux mythes qui provoquent à chaque fois la démoralisation de ses militants et sympathisants quand ils s’aperçoivent que leurs analyses tombent à l’eau. J’ai déjà évoqué les ambiguités de l’antifascisme dans plusieurs comptes rendus de livres (1) et une intervention donc je n’y reviendrai pas. Je souhaite ici revenir sur le mythe du Front populaire à travers 2 articles et éventuellement à travers d’autres si j’en trouve qui sont lisibles et percutants : – un article du syndicaliste-révolutionnaire Pierre Monatte ("La classe ouvrière reprend confiance en elle", 10 juillet 1936), écrit à chaud, et qui montre (même si ce n’était pas son objectif) ce qu’étaient les illusions des militants de la gauche syndicaliste sur le Front populaire ; – un second texte ("Il y a 50 ans Juin 36") écrit en mai 1986 par le groupe Combat communiste, nettement plus critique que le premier vis-à-vis du Front populaire, mais qui n’est pas sans défauts avec sa ritournelle : "Ah s’il y avait eu un parti révolutionnaire, tout aurait été différent !" Il est vital de ne pas reproduire les mêmes erreurs qu’en 1936, qu’en 1945, qu’en 1981 ou même qu’en 1997 puisque c’est dans ce marécage que veulent nous entraîner non seulement les partis qui se prétendent de gauche, mais aussi une bonne partie de l’extrême gauche, des antifas, des syndicats, des associations, et j’en passe. On peut parfaitement choisir de voter pour le Nouveau Front populaire en croyant que cela arrêtera l’extrême droite ou "le fascisme". Par contre, on ne peut laisser croire que la gauche fera autre chose que gérer loyalement le capitalisme si elle vient au pouvoir, comme chaque fois qu’elle s’est retrouvée dans cette position en France comme ailleurs. Or cette gestion loyale du capitalisme n’a, jusqu’ici, jamais arrêté la progression de l’extrême droite. Y.C., Ni patrie ni frontières, 16 mai 2024