Dans la nuit du samedi 13 avril, l’Iran a lancé depuis son territoire, une attaque de drones et de missiles vers le territoire israélien, blessant une jeune fille dans un village bédouin. Cette première opération militaire iranienne s’inscrit dans une dynamique d’intensification des tensions entre les deux États depuis le 7 octobre. Elle survient en représailles du bombardement par Israël du consulat iranien de Damas, cible diplomatique non militaire, le 1er avril 2024. Celui-ci avait causé la mort de 16 personnes, dont des officiels iraniens, et constituait une brutale montée en intensité dans ce conflit “souterrain”.La faiblesse relative de la riposte iranienne au regard des capacités de défense israéliennes et de la mobilisation militaire de ses partenaires régionaux et des puissances occidentales témoigne en réalité du désir des autorités de Téhéran de parvenir à un équilibre difficile : répondre à l’attaque de leur consulat tout en évitant une escalade qui les conduirait à une guerre ouverte qu’elles ne souhaitent pas. Elles se sont d’ailleurs empressées d’affirmer qu’elles considéraient désormais clos l’incident du consulat.
Le régime autoritaire et réactionnaire d’Iran ne veut pas d’un conflit ouvert avec l’État colonial israélien, non pas tant parce qu’il n’a pas les moyens de le mener, mais avant tout parce qu’une telle guerre réduirait à néant toute possibilité d’une reprise des négociations avec l’impérialisme occidental autour de son programme nucléaire et de sa politique régionale, et que l’Iran fait face à des difficultés croissantes pour maintenir la tête hors de l’eau. Depuis 1995, il a en effet été la cible d’une série d’embargos et de sanctions économiques mises en place par les États-Unis puis par l’Union européenne dans le but de mettre en difficulté un régime considéré hostile aux intérêts impérialistes.
Les autorités israéliennes ont déjà promis une réponse massive, confirmant la poursuite de la politique d’escalade militaire qui avait mené au bombardement du consulat iranien. Alors que la guerre génocidaire se poursuit à Gaza, avec le soutien des chancelleries occidentales et en dépit de l’indignation générale des peuples, l’État israélien espère consolider le soutien dont il jouit encore en détournant l’attention de Gaza vers l’Iran et en poussant ses alliés à intervenir militairement. Il s’agit également d’une réponse cynique du gouvernement Netanyahu pour désamorcer la contestation populaire que soulève sa gestion de la guerre.
La situation actuelle, caractérisée par la guerre génocidaire à Gaza, ne semble ainsi laisser d’autre choix au régime colonial israélien que de poursuivre une escalade militaire afin d’assurer sa survie au pouvoir et de consolider sa base politique et sociale. La région du Sud-Liban pourrait être le théâtre de la réponse massive promise par les autorités israéliennes désireuses d’en finir avec la présence du Hezbollah à leur frontière nord. Une telle offensive aurait des conséquences humanitaires et politiques désastreuses pour toute la population libanaise.
La situation s’est également embrasée en Cisjordanie occupée ces derniers jours suite à la découverte du corps d’un adolescent israélien résidant d’une colonie aux abords d’un village palestinien. Les pogroms perpétrés par des colons armés dans des localités palestiniennes ont ainsi fait au moins un mort et plusieurs blessé·es, sous le regard et la protection de l’armée israélienne, parfois même avec son concours direct.
Les évènements militaires des jours à venir pourraient plonger toute la région dans un conflit ouvert dévastateur et dans la barbarie ; l’impérialisme se montre de plus en plus incapable d’assurer une autre issue aux peuples de la région. La mobilisation d’un large mouvement anti-guerre et anti-impérialiste devrait ainsi être l’une des tâches prioritaires et quotidiennes des organisations se réclamant des luttes de l’émancipation. En tant que citoyen·nes d’un État impérialiste participant directement au chaos qui s’abat sur les populations du Moyen-Orient, nous avons la responsabilité de mettre en œuvre tous les efforts possibles pour contraindre notre gouvernement à abandonner cette politique mortifère, en commençant par stopper ses livraisons d’armes à l’État israélien.
L’impérialisme occidental, structuré autour de l’hégémonie américaine, joue un rôle central dans l’évolution des tensions. Si les puissances occidentales contraignent l’Iran à la retenue, c’est également elles qui assurent à l’État israélien sa sécurité. En effet, l’attaque iranienne de samedi a montré que l’État israélien avait besoin de la protection de ses alliés et que sans cette dernière, la population israélienne serait elle aussi vulnérable aux conséquences d’une guerre généralisée. Sans l’appui de l’impérialisme, le régime colonial israélien ne peut pas garantir la sécurité de sa propre population.
La fin de la guerre génocidaire à Gaza est en effet le seul levier pouvant mener sérieusement à une désescalade militaire dans la région et à l’ouverture de négociations pour la libération des otages et des prisonnier·es politiques. Le cessez-le-feu est le préalable indispensable à toute solution politique.
Le collectif Tsedek! réitère son appel urgent à imposer un cessez-le-feu et à mettre fin au massacre indiscriminé des Palestinien·nes de Gaza. Aujourd’hui comme hier, l’impérialisme et le colonialisme portent en eux la barbarie comme la nuée porte l’orage, et interdisent aux peuples de la région de vivre dans la paix et la dignité. Nous réaffirmons la nécessité urgente de constituer un large mouvement anti-impérialiste en France et continuerons à consacrer tous nos efforts à cette tâche.#
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