Vue l'embrouille chasseurs-gendarmes et l'hypocrisie teintée de racisme des deux, je me permets de republier cet article de Médiapart
Mercredi 23 août, la Fédération départementale des chasseurs de Moselle a annoncé que la gendarmerie nationale « souhaitait associer » les chasseurs à la surveillance du rassemblement évangélique tzigane prévu la première semaine de septembre. Pourtant, 400 gendarmes sont attendus sur les lieux et la préfecture nie avoir fait appel à la fédération.Il y a le bon chasseur et le mauvais chasseur. Le bon chasseur, il voit quelque chose et il tire. Le mauvais chasseur, il voit quelque chose et il tire aussi. Mais c’est un mauvais chasseur. En Moselle, à en croire la Fédération départementale, il n’y a que de bons chasseurs. Preuve en est, l’ensemble des pratiquants de cynégétique sont sollicités par leur fédération pour appuyer les forces de l’ordre mobilisées pour le rassemblement tzigane évangélique de début septembre.
Pour rappel, environ 30 000 personnes appartenant à la communauté tzigane évangélique sont attendues dès le 27 août et jusqu’au 10 septembre sur la base aérienne de la commune de Grostenquin (Moselle). Organisé par l’association Vie et lumière, l’évènement religieux avait fait râler en 2017 les élus locaux en raison de déchets organiques laissés sur le terrain faute de toilettes. Dans la foulée, Édouard Philippe, alors premier ministre, avait d’ailleurs notifié dans un courrier que le rassemblement ne se ferait plus sur la commune à la suite d’une manifestation des élus. Mais six ans plus tard, fin juillet, les maires apprenaient par voie de presse que l’évènement aurait à nouveau lieu sur la commune.
© Antoine Lorgnier / Only France via AFPLe 23 août, les adhérents de la Fédération des chasseurs de la Moselle ont reçu dans leur boîte mail une bien étrange newsletter sous-titrée :
« Dans le cadre du rassemblement évangélique des gens du voyage sur la base aérienne de Grostenquin du 3 au 11 septembre 2023, l’OFB (Office français de la biodiversité) et la gendarmerie nationale souhaitent associer les chasseurs locaux au dispositif de surveillance mis en place. » Précision oblige :
« Sans stigmatiser une communauté », lit-on dès le premier paragraphe.
La direction générale de la gendarmerie et le ministère de l’intérieur n’ont pourtant pas lésiné sur les effectifs de surveillance cette année. 300 gendarmes sont arrivés la semaine dernière, au lieu des 39 agents en activité sur le territoire en temps normal. Barrières et panneaux encadrent en outre la zone Natura 2000.
« Comme par hasard »En sus des effectifs des services de l’État, la fédération enjoint pourtant à ses membres d’être
« acteurs [du dispositif de sécurité mis en place – ndlr]
tant en sa qualité de gestionnaire de l’espace naturel qu’en sa qualité de citoyen ». En ligne de mire : le braconnage. Pour ce faire, les adeptes de cynégétique sont invités à s’armer de leur « meilleur allié », une paire de jumelles, pour
« identifier le véhicule [...],
observer tout ce qui se passe sans faire de déduction ». Comprenne qui pourra.
Selon Pierre Lang, signataire dudit mail et président de la Fédération des chasseurs de la Moselle,
« beaucoup d’actes de braconnage ont été constatés par l’ONCFS [Office national de la chasse et de la faune sauvage, depuis baptisé Office français de la biodiversité – ndlr]
les années précédentes ».
Souvent pratiqué la nuit, en catimini, le braconnage n’est pas un acte facilement répréhensible, les braconniers étant rarement pris en flagrant délit. Le département en a d’ailleurs particulièrement souffert en 2022 : de nombreux cerfs ont été abattus par balle. Mais comment savoir si de potentiels futurs actes de braconnage seraient l’œuvre de membres de la communauté tzigane ? Le président de la fédération avance :
« Ces personnes disposent de véhicules et comme par hasard ça arrive à ce moment-là… »Pour autant, contacté, l’OFB ne craint
« pas plus que d’autres délits » le braconnage pendant l’évènement.
« Les chasseurs c’est pas des tendres non plus… Et puis ce sont deux communautés à cran… » (Salvatore Cascarella, maire de Valmont)
L’appel à la participation de la fédération étonne et inquiète Salvatore Coscarella, maire de Valmont et président de la communauté d’agglomération Saint-Avold Synergie : « Ah bah dis donc ! J’espère que ça ne va pas tourner au vinaigre. Les chasseurs c’est pas des tendres non plus… Et puis ce sont deux communautés à cran… »
Car si la chasse a bien été interdite par arrêté par la préfecture sur les communes voisines de l’aire d’accueil
« afin de garantir la sécurité des pèlerins », elle est autorisée au-delà. Une volonté de la fédération, explique Pierre Lang :
« Quand l’OFB et la préfecture nous ont proposé d’interdire la chasse au-delà de la zone définie, on a dit qu’au contraire il fallait que la chasse reste ouverte. Les chasseurs à l’affût sur les miradors, qui surveilleront de loin un possible braconnage, pourront en même temps pratiquer la chasse sur les zones autorisées. » Jointe, la préfecture assure n’avoir pas sollicité la fédération de chasse pour sécuriser l’évènement.
« Comme n’importe quel riverain, les chasseurs pourraient être simplement amenés à signaler des constats à la gendarmerie », a-t-elle précisé. Un acte encouragé dans le communiqué de la fédération qui spécifie à ses adhérents de ne
« surtout pas intervenir ».« Si une personne veut prendre le risque de marcher à quatre pattes habillée en noir dans un champ de maïs en grognant comme un sanglier, elle prendrait des risques idiots… » (Pierre Lang, président de la Fédération des chasseurs de la Moselle)
Le risque d’accident de chasse n’est pourtant pas à écarter. Si les jumelles sont les
« meilleurs alliés » des chasseurs selon le communiqué de la fédération, les fusils de chasse sont également munis de lunettes de tir.
« Un chasseur formé à la sécurité ne prend pas le risque d’observer avec sa lunette de carabine », certifie le président de la Fédération des chasseurs de la Moselle avant de terminer par un supposé bon mot :
« Si une personne veut prendre le risque de marcher à quatre pattes habillée en noir dans un champ de maïs en grognant comme un sanglier, elle prendrait des risques idiots… Mais même malgré ça, nos chasseurs sauraient la reconnaître. »Joseph Charpentier, pasteur de la communauté Vie et lumière, redoute surtout la présence des chasseurs sur la base aérienne :
« S’ils sont de l’autre côté ça va », concède-t-il.
Dans ce même département, en janvier, un chasseur s’est vu recevoir une interdiction définitive d’exercer après avoir tué accidentellement un autre chasseur depuis son mirador. Depuis 20 ans en France, 400 personnes sont mortes de la pratique de la chasse.
Jade Bourgeryhttps://www.mediapart.fr/journal/france/280823/rassemblement-evangelique-en-moselle-les-chasseurs-s-invitent-dans-le-dispositif-de-securite
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