Dans l’imaginaire collectif et historique, le Front Populaire fait écho à deux faits survenus en été 1936, en France d’une part et en Espagne d’autre part. En France, en Juin 1936, une vague de grèves spontanées a enflammé la France suite à la victoire de la coalition de partis d’extrême gauche (Parti Communiste), gauche (Parti Socialiste) et centre gauche (Parti Radical). Et en Espagne, le 19 juillet 1936 une insurrection populaire, initiée par les classes populaires et les anarchistes de la CNT-AIT, met en échec le coup d’État fasciste du Général Franco en réaction à l’élection d’une coalition de partis politiques d’extrême gauche, de gauche et de républicains.
En France, ces millions de grévistes en occupant leur usine, sans attendre les consignes des partis politiques et même souvent CONTRE les consignes de modération de ces partis politiques, ont créé un tel rapport de force contre le Patronat et la Bourgeoisie que cette dernière s’est dépêchée de faire des concessions comme jamais avant dans l’Histoire sociale de ce pays, de peur que les grévistes se radicalisent et que la révolte ne devienne révolution. Et ce sont les partis de gauche du Front Populaire qui ont cassé la dynamique des grévistes, leur demandant d’arrêter leur mouvement (le chef communiste Maurice Thorez proclamant sa célèbre phrase « il faut savoir terminer une grève ».) Cette première trahison de la gauche fut le début d’une longue série qui se termina tragiquement : le Front Populaire français abandonna le Front Populaire espagnol qui finit par se faire écraser par les franquistes, lesquels avaient le soutien de l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. En 1938, le radical socialiste Daladier signa les lois sur les « étrangers indésirables », préfiguration des lois Darmanin. Et en 1940, les députés de la Chambre du Front Populaire votèrent[1] par 569 pour et 80 contre les pleins-pouvoirs au Maréchal Pétain
Le Front Populaire espagnol connu aussi une destinée funeste : alors que la Révolution Libertaire initiée par les anarchistes le 19 juillet 1936 essayait, dans des conditions extrêmement difficile, d’inventer un autre futur, débarrassé de l’État et du Capitalisme, le Gouvernement Républicain ne cessa de leur mettre des bâtons dans les roues. Il fut malheureusement aidé par certains anarchistes qui crurent en la sincérité des républicains pour faire barrage au fascisme. Hélas, de nombreux républicains, et à commencer par les Communistes, préféraient encore le fascisme plutôt que l’Anarchie et en Mai 1937, le Front populaire espagnol poignarda dans le dos les révolutionnaires anarchistes de la CNT-AIT et les communistes hétérodoxes du POUM. Ce fut la fin de la révolution et peu de temps après la défaite contre les fascistes.
Que l’Histoire nous serve de leçon : quand les travailleurs sont unis, qu’ils agissent directement par eux même, sans obéir aux consignes des partis politiques qui finiront toujours par trahir, alors les travailleurs et plus globalement la classe populaire peuvent faire des choses magnifiques et grandioses, elle peut même conquérir le ciel. Si les travailleurs abandonnent leur autonomie et leur capacité d’initiative à des représentants, qu’ils soient politiques ou syndicalistes, ils seront tôt ou tard promis à servir de chair à canon, pour l’État, pour le Capital, ou pour une faction politique contre une autre.Misère, changement climatique, racisme et montée des idées identitaires ou religieuses, inégalités en tous genres … Oui, c’est vrai, nous avons besoin d’un changement radical de société, une rupture avec l’ordre dominant. A celles et ceux qui rêvent d’un Front Populaire par les urnes, nous les mettons en garde contre les déceptions à venir : comment ces politiciens de gauche, dont Mélenchon est la caricature, qui ont été de tous les échecs depuis 1981, peuvent représenter un quelconque espoir de rupture avec un Système qui – littéralement – les nourrit, que ce soit sous la forme de leur rémunération comme élu ou sous la forme de subvention d’État à leur Parti politique ou à leur syndicat ?
Notre seul espoir ne peut venir que de notre auto-organisation, de manière autonome et horizontale, sans leader, sans porte-parole, sans personne qui parle en notre nom. Alors oui, comme à l’époque du Front Populaire, plutôt que d’attendre passivement un quelconque sauveur sortie des urnes (surtout que le résultat risque d’être plutôt celui de l’extrême droite), dès maintenant et sans attendre :
OCCUPONS NOS USINES, OCCUPONS NOS ENTREPRISES, OCCUPONS NOS HÔPITAUX, OCCUPONS NOS FAC ET NOS LYCÉES !
CONTRE LE FASCISME ET POUR LA VIE !
GRÉVE GÉNÉRALE !CNT-AIT Anarchosyndicalisme !
source
http://cnt-ait.info/2024/06/14/front-populaire-chiche/#
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