Ces jours-ci, le contexte était déjà explosif, avec l’arrivée à Athènes de nombreux néonazis de toute l’Europe pour un rassemblement prévu ce soir. Face à cette menace, le mouvement social, à commencer par les collectifs antifascistes, mais aussi des syndicats, des organisations politiques et même des associations de parents d’élèves avaient réussi à former un large front antifasciste pour empêcher cet événement et les risques de violences fascistes dans Athènes. Les squats de réfugié-es/migrant-es, notamment le Notara 26 à Exarcheia, s’étaient évidemment organisés pour se protéger d’éventuelles attaques, avec le soutien d’autres collectifs. Des appels avaient été diffusés aux exilé-es dans la capitale pour les inviter à ne pas circuler près des zones présumées les plus dangereuses ces jours-ci, notamment le quartier de Néo Héraklion à Athènes.
Mais voilà : à la suite d’un grand concert antifasciste organisé samedi soir (28 octobre), des affrontements ont eu lieu avec la police et des individus en civil non identifiés, dans un contexte assez violent. Plusieurs groupes anarchistes sont intervenus, à commencer par ceux qui étaient chargés de la sécurité du concert. Une section antifasciste de Rouvikonas était présente dans le dispositif et a pourchassé des néonazis jusqu’à ce que la police intervienne et arrête finalement… des antifascistes, parmi lesquels quatre membres de Rouvikonas, menottés et transférés à la Direction générale de la police athénienne, pour avoir contre-attaqué suite aux menaces, dans le cadre de la protection du concert !
Le même soir, des affrontements se sont multipliés dans Athènes. À chacune de ses interventions, la police a été particulièrement violente contre les antifascistes. Parmi les blessés dans le quartier de Néo Héraklion, un corps ne s’est pas relevé : celui d’une jeune antifasciste de 16 ans frappée à la tête.
Plusieurs témoins sont formels : c’est l’unité de police OPKE qui a provoqué sa blessure. Mais la direction de la police dément pour l’instant, en évoquant une « chute contre un trottoir »… un classique du genre ! Pour essayer de se disculper, les dirigeants de la police grecque décrivent également la tenue vestimentaire de la jeune fille : elle était vêtue de noir et cagoulée, avec des pierres dans les poches, etc. Donc, même si elle avait été assommée par des policiers au point d’être en danger de mort, « elle avait pris le risque de choisir l’affrontement » (sic).
Résultat : la tension a redoublé dans Athènes et des manifestations ont eu lieu dans toute la Grèce hier soir, parfois suivies d’affrontements violents, comme à Exarcheia cette nuit encore.
À l’heure qu’il est, la jeune fille est toujours hospitalisée dans un état critique, incapable de parler.
Ce soir, beaucoup d’antifascistes ont décidé de braver l’interdiction du contre-rassemblement et d’aller, par tous les moyens, dans la zone initialement prévue pour le rassemblement fasciste (lui aussi interdit officiellement). Il y aura sans doute du monde, de part et d’autre, à partir de 18 heures.
Parmi les slogans : « On ne fait pas confiance à l’État pour lutter contre le fascisme ! » et « Pas un centimètre pour les néonazis, ni à Athènes ni ailleurs ! »
Y.Y.
Quelques vidéos :
L’une des manifs, hier soir à Athènes, en protestation avec les violences policières sur la jeune antifasciste de 16 ans :
https://invidious.fdn.fr/watch?v=hOrcA-DuYxQAffrontements samedi soir à Exarcheia, après la manif :
https://invidious.fdn.fr/watch?v=VqWDDWQyYN4Exarcheia encore :
https://invidious.fdn.fr/watch?v=Vmp4TkW-fH4Affrontements samedi soir à Panepistimioupoli, à l’Est d’Athènes (également liés à l’évacuation de plusieurs squats) :
https://invidious.fdn.fr/watch?v=kkk-4lPXT9kAction antifasciste effectuée le 20 octobre à Néo Héraklion, douze jours avant le rassemblement paneuropéen, avec pour objectif la destruction de la plaque commémorative de deux néonazis assassinés à Néo Héraklion il y a dix ans (voir en particulier de 1mn40 à 2mn30) :
https://invidious.fdn.fr/watch?v=2aT7FibB4usPhoto : Nikolas Georgiou
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